Surmonter une rupture : que conseille votre psy ?
- Les pros "Crescendo"
- 21 août 2020
- 6 min de lecture

Voilà qu’arrive la fin d’une histoire. Vous aviez des attentes, des envies, des espoirs, qui aujourd’hui vous semblent anéantis et piétinés par cet autre avec qui vous avez partagé pourtant tant de choses. Entre sentiment de trahison, déception, douleur, et chagrin, vous avez l’impression de ne pouvoir vous débarrasser de ressentis envahissants et négatifs.
Il s’agit d’une véritable période de deuil qu’il convient de considérer, de vivre pleinement à son rythme, pour comprendre et éviter les répétitions. Mais, comment faire pour rebondir et surpasser cette rupture le plus sainement possible ?
Crescendo vous donne quelques clefs pour alimenter votre réflexion, et vous rendre proactif dans la résolution de cette période souvent douloureuse.
S’autoriser à ressentir le malaise
La société et la culture occidentale nous apprennent à tort à ne pas considérer les émotions négatives comme la tristesse, la rancœur, le dégout, la culpabilité … Et pourtant, une émotion, qu’elle soit positive ou négative, est simplement présente pour nous transmettre une information quant à notre état interne. Elle est là pour nous amener à prendre conscience d’une situation pour pouvoir nous adapter à celle-ci, et la résoudre.
Il est primordial de ne pas les éviter, même s’il peut être tentant de multiplier les activités pour ne pas trop y penser, et pour nous donner l’illusion d’être dans une dynamique évolutive. En réalité, il faut trouver un équilibre entre entreprendre des activités qui vous permettent de conserver une forme de plaisir dans votre quotidien, et prendre le temps de se confronter, d’accueillir la souffrance liée à la rupture. Cette première étape est un «moment désagréable à passer» avant d’emprunter le chemin du changement.
Mon petit conseil
Cette étape peut prendre plus ou moins de temps en fonction de l’histoire de chacun. Respectez votre rythme. Je préconise souvent à mes patients de s’aider d’un journal de bord vierge. Vous pouvez le laisser à portée de main chez vous, pour y inscrire vos ressentis jour après jour, lorsque vous en ressentez le besoin. Essayez de circonscrire des temps régulièrement pour vous demander : « Comment-est ce que je me sens lorsque je pense à lui/elle ? », » Qu’est-ce que je ressens ? ». C’est une façon de percevoir vos émotions et d’évaluer où vous en êtes. En même temps vous pouvez prendre note de vos sensations physiques (tremblements, larmes, battement cardiaque, respiration etc.) qui sont là également pour vous communiquer quelque chose dans une forme d’interaction corps-esprit. Si, les larmes vous montent aux yeux, n’ayez pas peur de pleurer, et dites-vous qu’il s’agit simplement d’une petite partie de votre tristesse qui s’en va.
Dépasser le manque
Vous aviez sans doute investi de nombreuses habitudes à deux qui vous servaient de repères au quotidien. Dès les premiers instants, cette absence peut paraitre difficile, voire insurmontable. Vous avez l’impression d’être presque hanté par la présence de l’autre qui n’est plus, avec le sentiment qu’il sera impossible de vivre sans lui/elle. Il est possible que vous ayez parfois un besoin quasi incontrôlable de l’appeler, de le/la contacter par message, de « stalker » ses comptes sur les réseaux sociaux. Cependant, il est primordial que vous respectiez une période sans contact, une période de sevrage, durant laquelle vous devez faire le ménage, et vous retrouver.
Pour éviter que les souvenirs et objets ne soient de douloureuses piqures de rappel de votre passé commun et de votre rupture, rendez-lui ses affaires, cachez certains objets. C’est uniquement de cette manière que vous pourrez débuter cette période de sevrage. Dans le cas contraire, c’est un peu comme si vous agitiez quotidiennement des bouteilles d’alcool devant quelqu’un d'alcoolo-dépendant qui tente de s'abstenir de toute consommation : il y a de grandes de chances qu'il rechute...
Bien entendu, cette période peut être complexifiée si vous partagez des amis communs, des enfants, des animaux domestiques … Essayez néanmoins d’aménager un temps sans vous voir, car plus vous resterez longtemps en contact avec votre ex partenaire, plus vous mettrez du temps à surmonter votre douleur.
Mon petit conseil
Dès le début mettez les affaires de votre ex dans un carton, et rangez-les. Attendez de vous sentir plus disponible et plus stable psychiquement pour décider ce que vous souhaitez en faire. Durant cette période, si vous ressentez le besoin de reprendre contact avec votre ex, saisissez-vous de votre journal de bord et écrivez, en vous demandant : « Pour quelle raison est-ce que je souhaite le/la contacter ? », « Est-ce que parce qu’il/elle me manque, ou parce que la dynamique d’une relation à deux me manque ? », « Qu’est-ce que je ressens au moment où je souhaite le/la contacter ? », « Qu’est-ce que cette prise de contact peut m’apporter sur le court terme ? Sur le long terme ? ».Ceci vous permettra de contenir vos ressentis et de ne pas "craquer".
Comprendre pourquoi ça n’a pas fonctionné
Les « Pourquoi ? » hantent souvent ceux qui ont été amoureux. Surtout ceux qui ont été brutalement quittés sans explications claires, ou encore ceux qui se sont fait « ghoster » du jour au lendemain.
Lorsque la rupture est source d’incompréhension celle-ci est encore plus difficile à surmonter. Il faut parfois accepter que les explications ne viendront pas de cet autre, et qu’il n’appartient qu’à vous de mettre du sens : VOTRE sens.
Lors d’une rupture, on aura tendance à culpabiliser et à se positionner en tant que victime, ou à projeter l’intégralité de la faute sur l’autre. Or, il y a toujours une juste part de responsabilité. Se dire que l’un et l’autre sont partiellement responsables de la situation vous permet de vous déculpabiliser, et de restaurer un sentiment de contrôle sur la situation. Il faudra chercher en soi, travailler sur sa personne pour obtenir une meilleure compréhension de nous-même, de ce pour quoi nous avons été responsable.
Lorsque la relation se termine elle est souvent idéalisée, alors que paradoxalement cette dernière n’a pas marché. Il faut commencer par se poser certaines questions pour avancer : « Comment sommes-nous arrivés à la rupture ? » « Qu’est-ce qui n’allait pas entre nous ? », « Qu’est-ce qui nous a attiré l’un vers l’autre ? », « Mon partenaire me convenait-il dès le départ, ou pas ? », « Qu’est-ce que je cherchais chez lui ? ».
Mon petit conseil
Saisissez-vous de votre plus belle plume et écrivez le récit de votre histoire amoureuse : la façon dont vous vous êtes rencontrés, ce qui vous a plu chez l’autre, ce qui vous rendez uniques, vos personnalités, vos attitudes et comportements l’un envers l’autre, les évènements marquants, vos plus beaux souvenirs comme vos plus mauvais, vos conflits et comment vous en êtes arrivé à rompre. Demandez à une personne tierce de lire à voix haute votre récit. Si cela n’est pas possible lisez votre récit vous-même à voix haute quelques jours après que vous ayez terminé de l’écrire. C’est un excellent moyen de vous amener à la prise de conscience qu’une souffrance était présente de votre côté depuis longtemps et/ou que vous avez parfois été difficile avec votre ex …
Ne plus reproduire les mêmes erreurs
Souvent on peut remarquer qu’il y a d’importantes similitudes entre nos histoires (et nos ruptures). Des scénarios similaires, des lieux de rencontres, les mêmes personnes qui nous attirent, les mêmes échecs relationnels … Ce type de répétition est le digne héritage de schémas intégrés lors de notre enfance. Il est souvent nécessaire de s’interroger sur ces schémas qui nous conduisent à répéter des scénarios de vie : « Qu’est-ce que j’ai vécu en tant qu’enfant qui semble se reproduire aujourd’hui ? ». Êtes-vous prisonnier d’un schéma de méfiance (« J’ai peur de la trahison et de la déception »)?, D’imperfection (« Je ne suis pas quelqu’un qui peut être aimé, si je montre mon vrai visage ») ?, De dépendance affective (« Je ne peux pas vivre sans une moitié, l’autre est ma béquille ») ?, De carence affective (« Personne ne peut m’aimer, j’ai tellement de chance qu’il m’accepte, je ne mérite pas mieux ») ? Il est parfois nécessaire de mener ce travail en collaboration avec un professionnel pour étayer votre réflexion.
Mon petit conseil
Établissez une liste de vos histoires amoureuses passées : circonstances de la rencontre, leur déroulement, les traits de personnalité et les comportements de l’ex, la durée, la rupture … Et, tentez de trouver des similitudes.
Faire son deuil, à son rythme
La douleur post-rupture peut souvent être longtemps présente. Nos proches nous encouragent à « tourner la page ». Il convient de leur rappeler que la durée de cette période de deuil est propre à chacun.
En psychologie clinique, on part du principe que si vous mettez plus de deux ans pour vous remettre de cette rupture, c’est qu’il y a certainement quelque chose de bloqué dans votre processus de deuil. Si les idées noires, et la tristesse deviennent trop handicapantes, ou sont présentes depuis longtemps, ou encore que vous développez des obsessions sur la personne ; il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel.
On a surmonté la rupture et fait son deuil, le jour où nous sommes en capacité de repenser à l’autre sans être envahi d’émotions négatives, lorsque nous sommes capables de parler d’elle/lui en évoquant ses qualités, comme ses défauts. Vous n’êtes alors plus dans une forme d’idéalisation ou de diabolisation de votre relation passée. Vous ne raisonnez plus en noir ou blanc, mais êtes capable d’apporter de la nuance aux pensées et discours en lien avec l’autre. Vous arrivez même à ressentir de la bienveillance envers elle/lui. Si la page est vraiment tournée vous êtes même en capacité de le/la revoir en vous disant que vous n’aimeriez pas qu’il/elle ressurgissent dans votre vie.
Mon petit conseil
Écrivez-lui une lettre. C’est une façon de vous dire au revoir tranquillement en y déversant ce que vous n’avez peut-être pas eu le temps ou la possibilité de communiquer. Elle vous permettra d’écrire la dernière page, avant de refermer le livre de votre histoire. Vous avez le choix de lui transmettre ou non, c’est à vous de voir. Si vous vous apercevez après relecture que votre lettre est pleine d’émotions négatives, de tristesse, de colère, c’est sans doute parce que votre travail de deuil n’est pas encore accompli.
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